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Entretien avec Mélanie Popoff

Dernière mise à jour : 2 nov. 2023

Mélanie Popoff est médecin et militante écologiste, spécialiste de santé publique et environnementale. Co-fondatrice de l'Alliance Santé Planétaire, elle officie aujourd'hui en tant que médecin scolaire à Bordeaux.


Bonjour Mélanie, et merci pour cette rencontre. Tu as initialement suivi une formation en médecine, avant de t’intéresser aux enjeux socio-écologiques. Est-ce que tu peux commencer par nous raconter comment s’est passée cette transition, et comment elle influence aujourd’hui ta pratique ?

A la base, j’ai une formation de médecin spécialiste en médecine physique et en réadaptation. Pour le dire vite, c’est une spécialité qui prend en charge les patients porteurs de séquelles de problèmes neurologiques, suite à un traumatisme crânien, à un AVC, une sclérose en plaques… Un domaine très vaste, stimulant, où l’on travaille en équipe, mais parfois aussi difficile psychologiquement car les handicaps peuvent être sévères (tétraplégie, état de conscience minimale…). Avec les années, j’avais de plus en plus de mal à faire face à la détresse des patients et de leur famille, et je sentais le besoin de me diriger vers autre chose.


Alors, comment est-ce que j’en suis arrivée à être médecin scolaire, de santé publique et spécialiste en santé environnementale, et militante écoféministe ? J’ai commencé à changer mon mode de vie vers un comportement “écoresponsable” vers la fin de mon internat : j’ai arrêté la viande, je suis passée au seconde-main pour les vêtements et les meubles, je faisais du zéro déchet, et j’emmerdais les gens en vacances pour nettoyer les déchets sur la plage, et mes chefs à l’hôpital pour faire des potagers sur le toit et acheter des piles rechargeables, mais sans trop encore de conscience politique. En 2017, je suis tombée sur l’article de David-Wallace Wells paru dans le New York Magazine : “The Unhabitable Earth”, dont il a plus tard tiré son livre éponyme. Article effrayant qui projetait le scénario du pire concernant le réchauffement climatique. Je n’ai pas dormi pendant 2 mois. J’avais peur, j’étais en colère, désemparée, j’ai commencé à lire tout ce que je pouvais (en commençant par Naomi Klein) pour comprendre comment l’espèce humaine en était arrivée à risquer sa propre survie. A cette époque, le mouvement Extinction Rebellion venait d’arriver en France, et sa stratégie d’alerte par tous les moyens possible - dont la “désobéissance civile” - correspondait assez bien à mon niveau d’anxiété sur le sujet. J’ai donc rejoint le mouvement, en tant que “citoyenne”, mais je sentais que j’avais aussi potentiellement un rôle à jouer en tant que médecin, sans réussir à dégager clairement lequel.


Puis il y a eu la pandémie de covid, au cours de laquelle le monde - en particulier soignant - a pris conscience du lien qu’il pouvait y avoir entre l’environnement et la santé. Au même moment, je donnais naissance à ma fille. J’étais donc en congés pendant plusieurs mois, durant lesquels je me suis formée sur les liens entre santé et écologie, ainsi qu’en santé publique. En parallèle, je suis entrée en contact avec d’autres personnes du monde soignant, via des réseaux militants. Nous avons créé en janvier 2022 l’Alliance Santé Planétaire (ASP), qui est une émanation française de la Planetary Health Alliance américaine, un consortium de personnes qui portent la thématique de la santé planétaire, plutôt méconnue en France.


 

Est-ce que tu peux définir ce concept de santé planétaire ?

C’est à la fois une démarche de réflexion qui pose un cadre systémique pour comprendre tous les déterminants de la santé, et un levier d’action pour mettre en place des politiques environnementales. Elle part du principe que la santé humaine ne peut pas prospérer si l’on dépasse les limites planétaires. Elle intègre aussi les principes d’équité entre les humains, avec le reste du vivant et les générations futures, et la question des inégalités territoriales et sociales de santé, et les injustices environnementales.


Elle pose donc un cadre réellement systémique qui s’appuie beaucoup sur la notion de déterminants de la santé. C’est un concept qui date de la charte d’Ottawa en 1986, mais dont je n’avais que très peu entendu parler pendant mes études de médecine. En France, la médecine est très biomédicale, avec une vision assez réductrice de ce qui cause les maladies : on nous explique que la survenue de maladies est liée principalement à des prédispositions génétiques, couplées à un mode de vie qui favorise les maladies. C’est une vision culpabilisante de la santé, qui laisse de côté les autres déterminants de la santé, comme le travail, l’éducation, l’accès à un mode de garde pour tes enfants, la qualité de ton habitat, la proximité de la nature, la pollution de l’air, l’accès aux soins, le fait que les infrastructures de ta ville te permettent d’aller faire du sport, l’argent pour acheter du bio… Cette approche, qu’on appelle aussi “biopsychosociale”, intègre donc à la fois les problématiques sociales, politiques, économiques, de genre, etc. Elle est en train d’émerger péniblement en France, et notamment depuis le covid grâce aux études qui ont montré que dans les quartiers les plus précaires les gens mouraient plus, avaient plus de co-morbidité, etc.


La santé planétaire, c’est aussi un outil pour créer des leviers d’action communs à l’amélioration de la santé des population et à l’adaptation et l’atténuation du changement climatique, des pollutions et des autres désastres environnementaux globaux. La santé est ici considérée comme un levier majeur de la transition écologique. Grâce à mon expérience dans la lutte écolo j’ai appris que l’écologie pour l’écologie ça n’intéresse pas grand monde. Par contre, si tu utilises l’argument de la santé (et qu’en plus tu parles en tant que médecin), tout le monde t’écoute. Par exemple, si j’utilise l’argument du réchauffement climatique auprès d’une mairie pour promouvoir la mise en place de pistes cyclables en ville, on m’écoutera moins que si je dis que ça va permettre de lutter contre la sédentarité, de réduire la pollution liée aux gaz d’échappement, donc de diminuer les crises d’asthme, de prévenir les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité, de réduire le bruit. Et si en parallèle, les pistes cyclables sont bordées d’arbres, cela permettra de créer des îlots de fraîcheur, avec des bénéfices en cascade pour l’environnement, car il y aura davantage de biodiversité, les arbres vont capter le CO2… On parle de co-bénéfices santé-environnement.


 

Comment est-ce qu’il s’articule avec le concept One Health ?

A l’Alliance Santé Planétaire on ne veut surtout pas opposer les principes, chaque approche de santé globale a ses spécificités et ses domaines d’application.


One Health est utilisé en particulier (mais pas seulement) comme un outil de compréhension et d’action biosécuritaire pour lutter contre les maladies émergentes et zoonotiques. Pour nous à l’ASP, qui avons un regard un peu plus global, nous incluons les notions de limites planétaires, d’équité, de générations futures, de co-bénéfices…


 

Ton parcours est intéressant car tu mêles un investissement militant “de terrain” avec des actions plus institutionnelles, notamment via l’Alliance Santé Planétaire. A ton avis, comment choisir entre ces différentes formes de lutte, et comment les articuler ?

Personnellement j’ai commencé à l’envers : j’ai d’abord eu une envie de tout casser, d’abattre le capitalisme et aller vivre en ZAD, puis j’ai tempéré un peu. J'aime bien l’idée d’archipélisation des ilots de résistances de Corinne Morel-Darleux : selon elle, aucune forme de lutte n’est supérieure à une autre, mais certaines conviennent mieux à un certain moment de ta vie. Toutes les luttes comptent. Moi je suis blanche, privilégiée, médecin, et je pense que, stratégiquement, là où mon action peut être la plus profitable, c’est dans l’institution, au grand jour. Pour le moment, c’est ce qui me convient.


En revanche, mon seul engagement de médecin ne suffit pas. Il doit s’inclure dans une politisation des pratiques de soin. Je m’explique. Aujourd’hui je suis médecin scolaire, et dans mon cabinet j’ai des enfants obèses, autistes, asthmatiques.… Ils ne sont pas en bonne santé (physique ou mentale), probablement en moins bonne santé que nos grands parents au même âge. Il y a une vraie régression. Quand tu reçois des enfants qui sont malades et ne peuvent rien y faire (car ils respirent un air pollué, sont imprégnés de perturbateurs endocriniens depuis le ventre de leur mère, n’ont pas accès aux soins, sont dans un pays ou il y a un désinvestissement progressif de l’état dans les services sociaux, éducatifs, médicaux…) tu te dis que même en tant que médecin tu n’as plus les outils. Que leur santé ne dépend plus de toi, ni même du comportement des personnes : elle dépend des politiques publiques. Pour les influencer, il y a plein de trucs qui marchent plus ou moins bien, comme la pression populaire. Et pour qu’il y ait pression populaire il faut qu’il y ait connaissance et partage (sur l’état de l’environnement, l’état de santé des gens, les mesures qu’il faudrait pour un environnement plus sain…). Je considère donc maintenant que ça fait partie du rôle du médecin d’être passeur de connaissances, pour donner la possibilité aux gens de transformer leur santé, par sa repolitisation. Le combat que je porte se situe beaucoup là : sur la politisation des professionnels de santé et des patients.


 

Est-ce que c’est quelque chose que tu arrives à mettre en place au sein de tes consultations ?

J’essaye, tant bien que mal. Le but d’un médecin de santé scolaire c’est de s’assurer que les enfants aient accès aux apprentissages, quel que soit leur statut social ou médical. Ça passe par du dépistage (vue, audition, surpoids, obésité, neurodéveloppement, précarité, problème de harcèlement, de violences, y compris sexuelles…), et de la prévention, avec des ateliers autour de thèmes choisis (activité physique, écrans, activité physique, stéréotypes de genre, etc). Mais en pratique c’est tellement compliqué en termes de charge de travail, de manque de soignants et de travailleurs sociaux, qu’on arrive à peine à faire du dépistage, mais pas les ateliers de prévention. On manque de temps et d’argent, et surtout de forces vives. C’est hyper déprimant parce qu’avec ce poste je suis en première ligne pour voir le désinvestissement de l’Etat dans les services sociaux : tu fais des signalements mais derrière il n’y a pas assez de travailleurs pour accompagner les familles. Donc là l’écologie c’est loin, pour l’instant mon travail, c’est beaucoup la misère sociale. Par contre j’ai pu faire un cours sur l’écologie et la santé, pour faire comprendre aux enfants de maternelle que ce qui est mauvais pour la planète est aussi mauvais pour la santé, et inversement. A 5 ans ils comprennent déjà, ils sont déjà touchés par ces thématiques, ça fait sens très tôt pour eux.


Je garde aussi mon côté militant et activiste, mais un peu en off. Je m’expose moins aussi parce que je suis mère et qu’aller en garde à vue, bon, c’est pas pratique, le soir il faut aller la chercher à l’école, et lui faire à manger… Par exemple je suis à la fois triste de ne pas être allée à Sainte Soline, et contente parce que j’aurais pu me faire éborgner ou tomber dans le coma. Mais je soutiens les Soulèvements de la terre, le combat contre les méga-bassines, je relaye sur les réseaux. Je pense que c’est important de le faire à visage découvert, de dire qu’on est pas des écoterroristes et qu’il s’agit d’un combat contre la privatisation de l’eau. Et en tant que médecin j’ai à la fois une légitimité et un devoir de parole là dessus car il y aura des conséquences sanitaires à la mauvaise gestion de l’eau. Donc il y a une cohérence dans tout ça, ou en tout cas je commence à la trouver, même si ça ne s’est pas fait tout seul.


 

Tu nous as dit que tu t’intéressais au courant de l’écoféminisme, est-ce que tu peux nous en dire plus ? Comment est-ce que tu mobilises ce concept dans ton quotidien ?

Je vais y aller en plusieurs étapes parce que ça recoupe plusieurs thématiques qui sont chacune complexes. D’abord, comment j’en suis arrivée à ça : cette année, j’ai écrit un livre sur les perturbateurs endocriniens. On me l’a proposé, et j’ai décidé d’adopter une approche politique. Donc j’y amène des notions d’injustice environnementale, de pollution coloniale, d’inégalités de genre, à travers la thématique des perturbateurs endocriniens.


J’ai pris le temps, lors de mes recherches, d’avoir une réflexion sur les enjeux croisés de genre, de santé et d’environnement. Déjà en termes d’exposition, les femmes en âge de procréer et enceintes sont les plus à risque, car les perturbateurs endocriniens passent la barrière placentaire et qu’une exposition du foetus à une période critique du développement peut se traduire par des problèmes de santé à l’âge adulte, et qui peuvent même se transmettre aux générations futures car certains produits chimiques modifient l’expression des gènes (on parle de modifications épigénétiques). Puis il y a la lecture au prisme de la charge environnementale (c’est à dire : à qui revient de s’entourer d’un environnement dépollué ?), qui est liée elle-même à d’autres charges : la charge domestique, qui incombe encore largement aux femmes, et la charge reproductive, car c’est aux femmes que revient la responsabilité de faire attention à l’air qu’elles respire, aux aliments qu’elles mangent, pour la santé de leur foetus/nourrisson… (d’ailleurs, dans les maternités, 89% des participants aux ateliers de prévention face aux perturbateurs endocriniens sont des femmes). De façon plus appropriée que la notion de “responsabilité”, on peut utiliser la notion de “care”, qu’on peut traduire par attention portée à , ou encore soin porté à. Et les activités de care, elles sont féminine : en France, 90% des infirmières, 95% des aides a domicile, 90% des sages femme sont des femmes. Sauf que le care, ce n’est pas inné, c’est une construction, une habitude sociale due à l’Histoire des femmes et du couple, au travail domestique, au travail reproductif…


On voit donc à travers ces enjeux de vulnérabilité à la pollution, de responsabilité à dépolluer et de travail du care que la santé environnementale est vraiment un sujet écoféministe. Et des leviers d’action existent, comme allonger le congé paternité, ou que les pères s’investissent davantage dans l’éducation des enfants. Fatima Ouassak, sur l’écoféminisme, a une approche populationnelle de la lutte que j’aime beaucoup : elle utilise sa position de mère pour végétaliser l’alimentation dans les écoles. C’est à la fois essentialisant et à la fois on s’en fout ; oui c’est les daronnes qui gèrent majoritairement la scolarité et les repas des enfants (et je le constate quotidiennement), et bien servons-en nous pour mener la lutte. Et au passage ça a mis en lumière des problématiques raciales : on l’a taxée de vouloir amener le hallal a l’école, alors que si la demande venait d’un homme blanc bobo, il n’aurait pas eu à se battre contre un shitstorm médiatique.


 

Selon toi, à quoi ressemblerait une société qui appliquerait pleinement les principes de la santé planétaire ou de One Health ? Quels nouveaux métiers de santé, quelles pratiques, quels ministères… ?

Si on devait faire de la prospective, j’ai envie de dire que tout est déjà là : il n’y aurait pas de ministère de la santé, ni de l’écologie, il y aurait ce qu’on appelle la “santé dans toutes les politiques”, une approche pensée par des spécialistes en santé publique dans le domaine de la promotion de la santé. Il y aurait aussi une généralisation des études d’impact en santé (un outil de mise en place de politiques publiques favorables à la santé, à la croisée de l’urbanisme et de la santé publique). A chaque fois qu’on déciderait d’une politique d’urbanisation, il faudrait faire un évaluation d’impact sur la santé des populations, ce qui changerait radicalement la donne. Clément et Mélody, deux membres fondateurs de l’ASP et de l’association Santerritoire, proposent même de faire des Études d’Impact en Santé Planétaire (EISP), qui intègrent à la fois des indicateurs de santé et d’écologie, ce qui rendrait bien sûr 90% des projets impossible à réaliser.


Ensuite en termes de métiers, je pense qu’il n’y aura pas forcément des médecins mais des gens qui travaillent sur la prévention et la promotion de la santé, d’après les déterminants de santé, en allant à la rencontre de la population. Des métiers décloisonnés, à cheval entre le politique, le sanitaire et le social. La réponse clé pour les métiers de demain c’est de sortir des silos, de décloisonner et de faire se chevaucher les disciplines, sur le plan du travail et aussi de la recherche (sociologie, médecine, anthropologie, écologie…).


 

A ton avis, quels sont les blocages concrets à la réalisation d’une société centrée autour des enjeux de santé planétaire ?

Pour moi il y a plusieurs raisons. Déjà, il y a des problèmes de gouvernance écologique, économique et en santé : s’il y avait plus d’autonomie dans les territoires, il serait plus facile de s’adapter à leurs besoins réels et d’y faire des projets. Il faut donc une décentralisation du pouvoir. Le problème, c’est qu’en France, le pouvoir amène des privilèges : sont au pouvoir des gens qui aiment le pouvoir, ne veulent pas le lâcher et ont une vision court-termiste et éléctoraliste des choses, ce qui va complètement à l’encontre de la vision long-termiste dont l’écologie et la santé ont besoin pour raisonner. Les conséquences sanitaires de l’environnement dans lequel on vit, ça se passe sur toute une vie ; l’exposome c’est de la naissance à la mort, c’est pas avec des petits mandats qu’on va régler ça. Isabelle Attard, qui était députée européenne chez Europe Ecologie les Verts, a par exemple expliqué dans un livre pourquoi elle ne croit plus à la démocratie représentative, et comment elle est devenue anarchiste à travers cette expérience.


Les intérêts privés, la façon dont est organisé le pouvoir, le court-termisme, ne permettent pas de créer des politiques publiques favorables à la santé et à l’environnement. Les clés on les a mais la politique est mal fichue, les gens s’en désintéressent car ils pensent qu’ils n’ont aucun pouvoir. Et le résultat de la Convention Citoyenne pour le Climat leur donne raison, elle a tué les restes d’espoir qu’il pouvait y avoir. C’est pour ça que ce qui m’intéresse plutôt c’est de faire du local, du territorial : c’est là que sont les leviers d’action les plus faciles à mettre en œuvre. Regardez les politiques écologiques : elles ne sont même plus nationales, elles sont supranationales. L’agriculture c’est la PAC, les perturbateurs endocriniens c’est l’Europe… Et quand tu vois qu’à Bruxelles il y a un lobbyiste pour chaque député, il y a de quoi perdre espoir. Sans compter que la contestation sociale est complètement réprimée en France, que ce soit sur les thèmes sociaux ou écologiques.


Je me dis que sur la santé, ça pourrait marcher, que ça pourrait emporter une adhésion plus large. En tout cas, c'est une bataille qui peut être gagnée si on est de plus en plus à jeter des idées, des graines, à faire changer les façons de penser et à donner envie d’agir.



Propos recueillis par Marceline Prunier et Maxime Couette, et publiés en accord avec la personne interviewée.

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